Une maison Abbeyfield à Chastre ?
Ou comment un beau projet pour les aînés n’a pas abouti
Notre commune compte de nombreux seniors, certains tout juste retraités et en bonne forme, d’autres déjà plus âgés et en demande de soins. Beaucoup d’entre nous souhaitent rester à domicile le plus longtemps possible, mais certains aimeraient un habitat plus participatif pour éviter la solitude. C’est précisément ce que propose le mouvement Abbeyfield Belgique, une asbl dont l’objectif social est de créer un habitat convenant à des personnes seules d’âge mûr, indépendantes et autonomes. Le mouvement Abbeyfield compte aujourd’hui 571 maisons dans 9 pays, avec 7900 seniors résidents. Une alternative à la maison de repos donc, au moins pour ceux ou celles qui souhaitent participer à l’organisation de la maison, partager certaines tâches et rester libres de leurs mouvements.
Le système Abbeyfield prévoit que l’on constitue un groupe de personnes intéressées qui formeront un comité local chargé de formuler des remarques sur l’aménagement de leur futur lieu de vie. C’est Abbeyfield qui « recrute » les futurs locataires sur base d’une lettre de candidature et d’une rencontre avec le groupe.
L’idée est venue à notre Collège communal de construire une maison Abbeyfield à Chastre. Bonne idée. Il en existe par ailleurs une à Perwez qui fonctionne déjà, d’autres à Bruxelles.
En 2014, le projet prend forme
L’échevin de l’urbanisme et le Collège proposent un montage assez particulier : la maison sera construite sur un terrain du CPAS (44 ares), rue du Tumulus, cédé dans les conditions d’un bail emphytéotique. Les appartements seront des logements publics, notamment pour maintenir la proportion de 10% de logements publics à Chastre. Plus on construit, plus il est difficile en effet de maintenir ce taux de 10%. La construction du bâtiment est confiée à Notre Maison, qui possède quasi tout le parc de logements publics à Chastre.
En catimini, on raconte que le terrain adjacent, appartenant aussi au CPAS, devrait accueillir le nouveau bâtiment du CPAS. Les riverains s’insurgent, car la zone est en principe réservée à la construction de maisons unifamiliales. Certains vont même en recours au Conseil d’Etat.
Qu’à cela ne tienne, le Collège communal demande une dérogation par rapport à son propre schéma de structure. Les logements auront moins de 50m², alors que le schéma de structure exclut des logements de moins de 60m². Notre Maison construit quand même 10 appartements rue du Tumulus. Abbeyfield retire entre temps son soutien au projet.
Les interrogations d’ECOLO
ECOLO se pose bien des questions, encore sans réponse aujourd’hui : est-on toujours ici dans la philosophie d’Abbeyfield ? Pourquoi avoir installé ces logements pour aînés loin de tout service (même si les documents fournis indiquent « qu’il y aura des facilités d’accès aux transports publics ». Lesquels ?). Où les futurs habitants feront-ils leurs courses s’ils n’ont pas de voiture ? Comment rejoindre à pied la gare de Chastre, ou la maison communale ou le CPAS ? L’endroit n’est pas le mieux choisi, pour ne pas dire plus. Entre temps, le noyau de locataires n’a pas été trouvé et le bâtiment est encore à moitié vide. Les appartements sont assez chers pour des logements publics (voir photo de l’affiche). Qu’en est-il de l’animation de la maison, de la participation à la vie culturelle et sociale du quartier envisagée par Abbeyfield ? Sont-ce finalement des aînés qui habiteront la maison ? Mystère. Quel a été l’accord entre le CPAS et Notre Maison ? Quel a été le rôle de la commune dans ce montage ? Difficile à comprendre. Qu’adviendra-t-il au terme du bail emphytéotique conclu ? Qu’adviendra-t-il du morceau de terrain restant, toujours propriété du CPAS, maintenant qu’on envisage une autre implantation pour le siège du CPAS ? Les questions se bousculent – et restent sans réponse pour les Chastrois. Dommage.