Select Page

un projet très urbain dans une commune qui se veut rurale

Le « Boischamps » à Chastre est actuellement un espace situé près de la RN273 au niveau de l’ancienne gare, l’avenue Boischamps et la cité de logements publics de Chastre. C’est une petite plaine, appréciée par les enfants du quartier, qui en ont fait leur espace de jeu. C’est aussi un terrain à bâtir, où l’on prévoit de construire d’une part un lotissement de 110 logements (72 maisons et 38 appartements) et d’autre part une petite zone de services où s’installera l’asbl Jardin’âges, basée à Chastre et créée notamment par deux familles chastroises. Jardin’âges prévoit une résidence services pour seniors (30 appartements) et un centre de jour pour adultes atteints d’un handicap.

Ces projets étaient déjà annoncés dans la note de politique générale de 2012, mais ils tardent à se concrétiser, et les enquêtes publiques se succèdent, au désespoir de l’asbl Jardin’âges et des parents d’adultes handicapés qui attendent une solution au plus vite pour leurs enfants. Comment en est-on arrivé là ?

Petit retour en arrière

Le projet résulte de la mise en commun d’un (petit) terrain de la commune de Chastre et de terrains de l’intercommunale IBW (devenue InBW récemment), mis à disposition pour des sommes symboliques à la Régie foncière du Brabant wallon, sur le site du Boischamps, pour permettre à des jeunes ménages de rester dans la province ou de venir s’y installer, dans des logements « moyens », pas trop chers, dont ils seraient propriétaires. L’idée de les installer près de la gare et des services communaux, ainsi que des commerces, est intéressante, puisqu’il s’agit d’un centre de village. La commune espère ainsi résoudre la difficile question du logement pour les jeunes. Bien que les Chastrois ne pourraient y avoir priorité, seulement au même titre que tous les autres Brabançons wallons.

Le projet, confié à l’entreprise Matexi, a été présenté aux Chastrois pour la première fois en 2015. Les riverains ont d’emblée souligné une série de problèmes. Il y a l’inévitable Nimby (pas dans mon jardin) et les questions du genre « Est-ce qu’on peut vraiment vivre dans une maison de 6 m de large ? ». Il y a des questions sur l’absence, dans le projet « Boischamps » de lieu de rencontre, de services, de crèche pour toutes ces jeunes familles. Et le principal sujet d’inquiétude est la mobilité et l’accès au quartier pour les voitures. On peut tabler sur plus de 200 voitures, 230 places de parking ont d’ailleurs été prévues en surface, en plus du trafic généré par la rénovation future de la place de la gare. Cela risque de faire beaucoup pour un seul quartier…

Ce ne sera pas un éco-quartier (trop cher, nous dit-on) malgré de belles propositions en matière environnementale, et les obstacles au permis définitif restent nombreux : par où les véhicules vont-ils accéder à ce quartier ? Par des rues déjà encombrées, étroites, avec des sens uniques, par le clos des Vicinaux qui est (encore ?) une voirie privée puisque les travaux n’ont pas été réceptionnés ? Quid de l’égouttage ? A-t-on enfin résolu la question de l’exutoire ? Quel est le résultat de l’étude hydraulique demandée par la commune ?

En outre, La 4ème enquête publique devrait enfin nous donner ces réponses, elle démarre le 21 août et se poursuivra jusqu’au 21 septembre.

Qu’en pense Ecolo ?

Des éléments positifs sont à retenir : le choix du site pour procéder à une telle densification est judicieux, à proximité des gares SNCB et TEC et des services administratifs et commerciaux. Ensuite, la gestion assez novatrice des eaux de pluie pour éviter les inondations et les dégâts aux bâtiments. La combinaison de ce quartier avec le projet Jardin’âges nous paraît également être un plus pour assurer une bonne convivialité entre les nouveaux habitants et les institutions qui y sont déjà installées, comme La petite Maison ou les écoles Jean Bosco et les Chardons.

Par contre, la densité de logements nous paraît trop élevée, et les espaces verts trop réduits, même si on évoque deux « mini-parcs ». Les espaces privatifs sont plus réduits que dans la cité voisine et les espaces collectifs ne sont pas très grands non plus. Les enfants du quartier et ceux de la cité voisine n’ont déjà que très peu d’espace pour jouer, où iront-ils désormais ?

Ensuite, les performances énergétiques des bâtiments à construire ne sont pas très ambitieuses, certains toits sont mal orientés pour profiter du soleil, alors que des familles aux revenus moyens devraient aussi voir leur consommation d’énergie baisser au maximum. Entretemps, la commune s’est engagée dans un projet ambitieux de réduction des émissions de CO2 Comment ce lotissement en tiendra-t-il compte ?

Enfin, l’étude évoque « un maintien ou un renforcement de l’offre des transports en commun » du fait de l’augmentation de la population. Ce souhait, oh combien pertinent, est en contradiction avec l’évolution depuis 30 ans : la population chastroise n’a cessé d’augmenter et où les transports en commun n’ont cessé de se dégrader, en termes de confort, de cadences et de disponibilité le week-end. La transformation des gares en simples arrêts est aussi un recul que l’augmentation de la population n’a pas empêché. Evitons de vendre aussi du vent aux futurs habitants du quartier…

Et maintenant ?

Il faut aboutir dans ce dossier, en tenant compte des intérêts de toutes les parties concernées, particulièrement l’asbl Jardin’âges qui occupera une partie de l’espace et qui patiente inutilement depuis plusieurs années, alors que son beau projet est prêt et n’est pas sujet à contestation.

Une fois de plus, l’organisation d’une quatrième enquête publique (ces enquêtes coûtent cher et demandent beaucoup de travail au service d’urbanisme) indique que la commune et la province n’ont pas commencé par l’essentiel : travailler avec les riverains et mettre toutes les parties en contact pour éviter les recours et trouver une solution qui puisse satisfaire tout le monde. La participation évite de braquer tout le monde et de mettre les riverains d’un projet devant le fait accompli, ECOLO en fera un des axes de sa gouvernance.

Devant le retard encouru, le pire serait néanmoins de ne pas intégrer les nouveaux engagements pris et les nouvelles solutions énergétiques et écologiques possibles : ce serait faire preuve d’un entêtement coupable et de mauvaise gestion !